Arrivée 14h30 dans un lieu magique, invitant au voyage… (ironie quand tu nous tiens...)

30 minutes à tuer… heureusement de gentils messages de soutien me parviennent, ça fait chaud au cœur et je rigole toute seule ! toute seule pas si longtemps, arrive un jeune qui me demande si je suis « une nouvelle jeune parmi eux », euh… non, non, moi j’suis une vieille qui divorce ! on discute : j’apprends qu’il a loupé 5 fois son CAP, je l’encourage à recommencer, lui dit qu’on se recroisera peut-être dans ces conditions là etc. Oups ça vient à lui, heureusement, parce que des jeunes j'en vois toute la journée et là j’avais envie d’être tranquille !

Retentit une nouvelle sonnerie… je sais que c’est lui, ne me demandez pas comment, je SAIS. En effet j’entends : « Je suis M. XXXXXXX, J’AI RV avec Mme la médiatrice», alors déjà il n’a pas RV, c’est moi qui ai pris le RV !!! Il attend dans le couloir :

« Coucou, la salle d’attente c’est ici

- Oh tu es déjà là ?! (en me claquant une bise !)

- tu sais bien que je déteste être en retard ! »

Voilà c’est à nous youpi ! Grand seigneur il me laisse choisir le fauteuil dans lequel m’installer et en parlant de moi dira même « madame » et non « mademoiselle » comme il le faisait même quand j’étais enceinte de 9 mois à 1 semaine de mon accouchement !

Mme la médiatrice nous raconte son parcours (heureusement on a échappé à l’école primaire !), comment on fonctionne, combien de fois on se voit, combien de temps… Sympa, mais on ne rentre toujours pas dans le vif du sujet ! Ah si… « Vous pouvez inviter qui vous voulez lors de la médiation à condition que l’autre soit d’accord » (mon sang ne fait qu’un tour à l’idée de me retrouver devant la fiancée qui ne me dit pas bonjour !) et là Monsieur saute sur une pochette et prend une feuille pour noter frénétiquement cette précision de la plus haute importance !

Tiens voilà que Mme médiatrice nous parle du prix de ces rencontres (la 1^ère est offerte ! on sort des soldes c’est pour ça !). Donc c’est en fonction des revenus, Monsieur compulse le document posé sur la table et je me demande dans quelle tranche de revenus il va payer ! Ah ben Monsieur ne paye pas la médiation puisqu’il touche l’aide juridictionnelle.

Moi, avec étonnement - Je suis donc la seule à payer ?

Mme médiatrice – Dans ces cas-là, ce sont souvent les papas qui payent et la maman qui ne peut pas, alors souvent elles proposent de payer pour moitié

Monsieur, demeure silencieux - …

Mme médiatrice – Il faut aussi voir que pendant que nous prenons RV celui qui a la garde de l’enfant doit le faire garder, vous payez madame ?

Moi, super zen – oui, notre fille est chez sa nounou que je paie en heures supplémentaires

Mme médiatrice – Peut-être que Monsieur pourrait prendre à sa charge cette garde ?

Monsieur – Ca dépend du prix !

Moi, agacée intérieurement mais super zen extérieurement – 5 euros de l’heure

Monsieur – pourquoi ne pas la laisser alors à ma compagne ?

Moi, un brin agacée extérieurement – parce que j’habite A, qu’il faudrait que j’aille à B, que je revienne à C et que je retourne à B puis à A

Monsieur – mais elle est déjà le matin chez la nounou si elle doit y retourner l’après-midi elle va s’embêter

Moi – mais elle est ravie d’aller chez sa nounou comme elle a été ravie d’y aller pendant 2 ans et demi (pendant que toi tu partais en vacances au lieu de t’occuper d’elle alors que tu étais en disponibilité), mais ne t’en fais pas, JE paierai la nounou.

A un moment je m’étonne du fait que Mme médiatrice n’a pas reçu le dossier du tribunal, rien du tout, j’explique alors que dès le mardi qui suivait le vendredi (logique, hein ?) de la décision du tribunal, j’avais déposé les 400 (350 + 50) euros chez mon avocate qui les avait déposés au greffe le lendemain, soit le mercredi.

Moi, souriante et tournée vers Monsieur – Je pense que tu as agi de même !

Monsieur – non mon avocate m’a dit de ne pas payer puisque j’ai l’aide juridictionnelle

Moi très souriante – c’est donc pour ça que le dossier n’avance pas et que vous n’avez rien reçu madame.

Avec tout ça on n’a toujours pas avancé ! Et ça fait une heure…

Elle prend des renseignements sur nous : nom, prénom, âge, adresse, profession, c’est moi qui commence

Moi qui aimerait bien qu’on passe aux choses sérieuses – YYYYYY, ... ans, etc., enseignante

Mme médiatrice – Etes-vous allocataire de la CAF

Moi – oui je touche 40 euros par mois d’aide pour la garde de petite fille

Mme médiatrice – Monsieur ?

Monsieur – M. XXXXXX, pour vous servir

(si si j’rigole pas !)

je suis emmerdeur professionnel en congé pour élever un enfant de moins de 8 ans, pour la CAF j’ai fait une demande d’aide au logement mais je n’ai pas encore la réponse.

Là j’entre en fusion intérieurement, je vous rappelle dans le désordre : moins de 500 euros de revenus déclarés par mois, 1200 de frais professionnels non imposables, roule en coupé (mais c'est pas une Renault, hein, une marque allemande et la plus chère des deux !), a 2 autres voitures, 2 deux-roues (dont un gros cube), part en vacances tous les mois, possède un bateau et vient de vendre sa place de port, propriétaire d’un garage bien placé estimé à 45.000 euros.

Passons

Mme médiatrice – ah donc Monsieur vous êtes disponible tout le temps ça sera plus simple pour les RV

Monsieur, pris au piège – oui

Mme médiatrice - Bon ben voilà c’est fini, vous avez des questions ?

Moi – je suis un peu frustrée qu’on ne soit pas rentrer dans le vif du sujet

Monsieur – moi non tout est très clair

Moi – Je pensais que nous pourrions déjà réfléchir un peu, échanger

Monsieur – ben alors vous pouvez nous donner des pistes pour réfléchir ?

Moi, fatiguée qu’il n’ait rien compris – c’est à nous à trouver les pistes

Mme médiatrice – tout à fait, vous voulez qu’on les aborde ?

Moi – volontiers, au moins pour réfléchir un peu

Monsieur avait déjà rangé ses affaires (pire que des élèves, avant la sonnerie de fin des cours)

Je dis donc que mon problème prioritaire est de pouvoir répondre à ma fille qui se demande dans quelle école elle va aller en CP.

C’est au tour de Monsieur de parler, longue réflexion les mains jointes, implorant le ciel :

- ce qui me dérange c’est la destruction de l’image paternelle qu’exerce la mère auprès de notre fille, ma fille me reproche de dire des choses que je n’ai pas dites

Mme médiatrice – donc ce qui vous dérange c’est l’implication de votre fille dans le conflit d’adultes ! je reformule toujours.

J’ai évoqué les difficultés d’interprétation du jugement, le coup des vacances 8j/8j qui commencent le samedi… J’en ai profité :

Moi, mielleuse – Je trouve ça bête pourquoi ne pas être un peu souple, je sais que Monsieur part au ski dans le studio de sa marraine, durant 13 ans (et toc !) nous ne sommes jamais partis un samedi ni un dimanche pour éviter les bouchons, pourquoi ne pas dire cette fois je pars en milieu de semaine, je pars 10 jours et les vacances prochaines ça sera toi…

Monsieur se précipite sur son téléphone et note tout ce que je dis (pièce à conviction ?!)

Mme médiatrice – au début il vaut mieux être bien cadré, parce que souvent c’est toujours le même qui dit oui !

Moi – en effet.

Prise des 3 prochains RV, sur les jours que je choisis (et re toc !) mais je lui demande quand même si ça lui va.

Je suis sure que cette femme ne lui a pas plu.

Je lui ai laissé grande fille sur le parking du Lidl où il faisait ses courses, le pauvre il a tellement peu de sous… bientôt il va aller aux restos du cœur, mais ira-t-il dans celui où ma mère est bénévole ?!

Médiation - Acte Ier

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